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Pour sa première parution sous le label Naïve, le pianiste chinois embrasse majestueusement un monument pour clavier, les Variations Goldberg. Sa lecture éminemment pianistique du chef-d'oeuvre de Bach donne tout son sens au principe de la métamorphose, qui sans cesse ré-invente sans jamais dénaturer, et magnifie toutes les ressources de son instrument.

La plume à la main, le vieux Saint-Saëns se souvient de ses improvisations liturgiques, "laboratoire" où il mêlait redécouverte du passé et exploration du futur au gré d'une fantaisie qui est l'une des clefs de sa personnalité. Paradoxe de l'improvisation écrite, qui permet au compositeur d'entrouvrir l'immense tombeau des musiques irrémédiablement enfuies...

Deux ans après le triomphe des Troyens (album de l'année aux Victoires de la musique, Diapason d'or, Diamant Opéra Magazine, ffff Télérama, meilleur enregistrement de l'année pour le New York Times, Gramophone Award), le chef John Nelson, ardent défenseur de Berlioz, retrouve avec bonheur l'Orchestre Philharmonique de Strasbourg pour une légendaire Damnation de Faust portée par une distribution exceptionnelle : le ténor Michael Spyres en Faust, la mezzo-soprano Joyce DiDonato en Marguerite, la basse Nicolas Courjal en Méphisto. Inclus un bonus DVD contenant des extraits du concert capté à Strasbourg.

Les Fontaines et les pins de Rome du compositeur italien Ottorino Respighi sont des poèmes symphoniques qui font le portrait d'une ville légendaire en recourant à la richesse de la palette orchestrale. Dans la même veine délicieusement pastorale et descriptive, les Suites qui composent les Airs et Danses anciennes, déploient à plaisir cet univers sonore qui inspirera les compositeurs de musique de film. Transcrites par Respighi lui-même pour piano à quatre mains, les pianistes Giulio Biddau et Norberto C. Respighi, membre de la famille du compositeur, se sont emparés de ces partitions et nous en offrent un enregistrement qui rend grâce, tantôt à la poésie de l'orchestre respighien, tantôt à sa fougue.

En 1670, Molière et Lully présentèrent devant le Roi Le Bourgeois Gentilhomme, comédie-ballet fastueuse menée par la Troupe de Molière, avec les musiciens dirigés par Lully, les ballets de Pierre Beauchamp, les décors de Carlo Vigarani et les costumes turcs du Chevalier d'Arvieux. L'oeuvre est inspirée par l'Ambassadeur Soliman Musta Aga-Feraga, que Louis XIV venait de faire patienter de longues semaines avant de le recevoir, causant son dépit qui fit sourire le Roi et railler les courtisans, tout Paris se moquant des moeurs exotiques des envoyés du Grand Turc. L'idée vint à Molière d'une intrigue basée sur de faux Turcs, pour ridiculiser un Bourgeois aspirant à la noblesse : un chef d'oeuvre était né, avec l'éblouissante Cérémonie Turque, et en clôture un somptueux Ballet des Nations. Les musiques magnifiques de ce pilier du théâtre français sont ici enregistrées intégralement pour la première fois par Vincent Dumestre.

Erik satie et john cage sont des ovnis dans le monde de la musique, car ils ont envisagé la musique à travers un prisme complètement différent, explique le pianiste bertrand chamayou. Ce sont des pionniers dans le sens où, pour beaucoup, ils ont changé lidée même de ce que doit être la musique. Avec son album letter(s) to erik satie, bertrand chamayou rend hommage à deux compositeurs singuliers, novateurs et influents, lun né en normandie en 1866, lautre à los angeles en 1912. Il existe un lien étroit entre eux : cage considérait satie comme une source dinspiration. Satie est à lhonneur sur lalbum avec des pièces telles que les trois gymnopédies et les sept gnossiennes, tandis que cage est représenté par cinq pièces et une oeuvre qui lui a été attribuée après avoir été redécouverte dans les archives de son disciple james tenney - dont lhommage musical à satie figure également au programme. Chamayou a enregistré lalbum dans les studios ultramodernes de miraval, en provence, qui lont incité à adopter une approche expérimentale : je me suis dit quil fallait faire quelque chose dun peu différent, et jai pensé à erik satie. Cétait loccasion dentrer dans lintimité du piano... Satie est vraiment un cas à part, un musicien étrange qui ne ressemble à personne dautre.

Lorsque Mozart compose Lucio Silla pour le Teatro Regio Ducale de Milan, il n'a que seize ans. Bousculant les canons de l'opera seria, Mozart exprime les passions et les tourments de l'âme humaine, ses désarrois et ses interrogations, avec profondeur et intensité, mais néanmoins agilité, légèreté et grâce infinie. Les modulations audacieuses et subtiles des voix, l'orchestration raffinée et les accents solennels du choeur font de cette oeuvre un opéra précurseur de l'esthétique romantique. Laurence Equilbey à la tête de son Insula Orchestra a réuni un magnifique casting vocal : Franco Fagioli, Olga Pudova, Alessandro Liberatore, Chiara Skerath et Ile Eerens.

La contralto Marie-Nicole Lemieux brille au firmament du chant mondial. L'ampleur de sa voix, sa ligne magnifiquement tenue alliés à une virtuosité sans faille ainsi que son sens des nuances et du théâtre lui permettent de triompher dans divers répertoires. Cet enregistrement avec l'Orchestre National Bordeaux Aquitaine dirigé par Paul Daniel réunit trois oeuvres somptueuses de la fin du XIXe siècle pour voix et orchestre : le célèbre Poème de l'amour et de la mer de Chausson, Sea Pictures d'Elgar et un enregistrement en première mondiale de La mer de Victorin Joncières.

L'intégrale Josquin l'Européen se termine avec deux oeuvres parfaitement révélatrices de l'art de Josquin, une messe de sa maturité, éblouissante de maîtrise, comparable aux messes de L'Homme armé (voir Josquin et Rome 1, vol 3) et une autre de sa jeunesse, où pourtant tout son savoir faire est déjà là, évident ou naissant. Voici ce que pense Juliette de Massy, la cheffe de Métamorphoses, de la première messe : 'Le thème de la Malheur me bat est magnifique tant il permet de caractériser différemment mouvements et sections. Je pense que c'est la messe où je suis le mieux parvenue à saisir l'architecture des passages les plus complexes. Nous avons pris un plaisir fou à chercher les couleurs, les phrasés, à faire ressortir chaque motif dans son expression à la fois la plus pure et la plus chargée d'intention Je considère la messe L'ami Baudichon comme la première messe composée par Josquin. Mais tout ce qui va venir plus tard est déjà là : jeux mathématiques avec les symétries et inversions de la teneur, déclinaison du thème sur tous les degrés de la modalité, presque humoristiques à mon sens, en tout cas jubilatoires."